Après avoir effectué plusieurs traversées le long de la côte ouest du Groenland, autour d'Uummannaq et d'Upernavik, nous avons souhaité visiter la côte orientale. En examinant la carte, la profonde entaille formée par le Scoresby Sund, le plus vaste fjord du monde, saute aux yeux. L'île de Milne, située à l'extrémité occidentale du fjord, s'impose par sa forme et par sa taille comme une évidence pour un raid en kayak réalisable en autonomie complète. Hormi des chasseurs Inuits, quelques géologues et de rares alpinistes, peu de voyageurs s'aventurent dans ces fjords.
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Béatrice navigue à la sortie de l'Øfjord. Au fond à G, l'entrée de l'Øfjord et l'Aiguille de la Forteresse (1977m) - 30 août 2010.
A l'entrée du Scoresby Sund, le village Inuit de Ittoqqortoormiit (Ittoq pour les intimes) permet de rejoindre l'île de Milne située 150km à l'ouest. Ce village de 500 habitants situé au bord du fjord, ne possède ni véritable port, ni piste d'atterrissage. On l'atteint par un service régulier d'hélicoptère depuis le petit aéroport de Constable Point, aménagé sur la rive ouest du Hurry Fjord, à 40km au nord-ouest d'Ittoq. Des lignes aériennes desservent Constable Point au départ de l'Islande avec une escale à Kulusuk ou, en partant de Copenhague, avec un arrêt à Nuuk, capitale du Groenland. Cette situation varie selon les années.
Le village d'Ittoq au bord du Scoresby Sund - 3 septembre 2010.
Eglise et village d'Ittoq - 3 septembre 2010.
Les marchandises parviennent à Ittoq avec le bateau de la Royal Arctic qui ravitaille le village au début de l'été en provenance du port de Aalborg, situé au nord du Danemark. Voir les paragraphes consacrés au transport dans l'article «Kayak de mer au Groenland». Le village d'Ittoq comporte un supermarché, quelques logements chez l'habitant et une petite agence de tourisme permettant d'affréter un bateau pour rejoindre l'île de Milne.
L'île de Milne mesure environ 110km de long sur 40 de large et son tour en kayak atteint 400km. Elle est très montagneuse, plusieurs sommets dépassent 2000m et, sur son versant nord, les glaciers atteignent la mer. Trois fjords entourent l'île : le Fønfjord au sud, le Rødefjord à l'ouest et l'Øfjord au nord. Il est assez facile de trouver des emplacements de camp sur les côtes sud et ouest, mais le versant nord de Milne qui domine l'Øfjord est raide et escarpé. Ici, les emplacements de camp sont assez rares mais permettent cependant d'éviter des étapes trop longues.
La rive nord de l'Øfjord - 26 août 2010.
La faune de la région est classique: lièvres, renards, oies, lagopèdes et phoques. Les baleines, les narvals et les ours, présents dans la région, ne se sont pas manifestés pendant notre visite, mais les boeufs musqués étaient nombreux dès qu'apparaissait un peu de végétation
Lièvre arctique dans le Harefjord - 20 août 2010.
Lagopède sur les bords de l'Øfjord - 24 août 2010.
Époque
La bonne époque pour effectuer un raid en kayak se situe en juillet et août, après la débâcle. Le temps est alors généralement beau, malgré des coups de vent toujours possibles. Les températures demeurent positives jusqu'à la fin du mois d'août avec un gel possible au-delà.
Cartographie et Matériel
Voir les paragraphes consacrés au matériel et à la cartographie dans le chapitre «Kayak de mer au Gröenland».
Pour les cartes Sagamaps, feuilles N°20 (Scoresby Sund), N°21 (Milneland) et N°22 (Nordvest Fjord). Pour la première édition, feuilles (Stauning Alper), (Milne Land) et (Scoresby Sund).
Le Carnet de route
Départ du camp 10 dans le Rødefjord - 18 août 2010.
27 juillet au 4 août - La fièvre du départ
Cette année, notre équipe est formée de Béatrice, Jean-Marc, Marc et Philippe avec 2 kayaks Nautiraid identiques. Nous quittons la France le 27 juillet et, après une nuit passée à Reykjavik, gagnons Ittoq le lendemain avec l'hélicoptère de Constable Point. Les caisses de matériel et de vivres sont parties de notre domicile pour le port danois de Aalborg au début du mois de juillet et le cargo de la Royal Arctic Line qui les transporte doit atteindre Ittoq le 28 juillet.
Pendant le voyage à Ittoq, nous sommes un peu inquiets : le bateau va-t-il arriver à la date prévue ? Les caisses ont-elles bien été embarquées à Aalborg et seront-elles en bon état ? Et la question lancinante: que ferons-nous à Ittoq si notre matériel n'est pas là, sachant que le dernier bateau de l'année est prévu pour le mois de septembre ?
Le Harefjord et le front du glacier nord - 20 août 2010.
Le bateau de la Royal Arctic Line à Ittoq - 30 juillet 2010.
Première bonne nouvelle en arrivant, le cargo est exact au rendez-vous et vient de jetter l'ancre au large du village. Il ne peut accoster car les fonds ne sont pas suffisants pour un cargo et cette situation va allonger le temps de débarquement des marchandises. Mais nous sommes le 28 juillet à plus de 70° de latitude, le jour est continu de sorte que, dès le début de la soirée, des petites barges entreprennent des aller-retour entre le bateau et le village afin de commencer le déchargement.
Dans la soirée, un cri de joie salue la seconde bonne nouvelle: nous avons vu une de nos caisses arriver à terre ! Dès lors, nous pouvons aller dormir l'esprit tranquille. Il faudra cependant attendre deux jours pour récupérer les kayaks, les vivres et le matériel , tous en parfait état.
Les jours suivants sont occupés à déballer le matériel et organiser la dépose et la reprise de notre petite équipe sur l'île de Milne. Deux groupes de kayakistes, un américain et l'autre allemand, sont partis voici quelques jours au sud et à l'ouest de l'île, mais aucun des deux n'envisage d'en faire le tour. Le 4 août au matin, nous quittons Ittoq sur deux petits bateaux à moteur et 5h plus tard, nous sommes déposés avec armes et bagages à l'extrémité sud-est de l'île de Milne. Désormais, nous sommes seuls pour un mois.
Montage des kayaks au camp 1 - 4 août 2010.
Jean-Marc et Philippe chargent leur kayak au camp 1 - 4 août 2010.
Une fois le premier camp installé commence le traditionnel exercice de montage puis de chargement des kayaks. Quelques jurons bien envoyés résonnent sur la plage déserte, marquant le refus du sac rouge ou du bidon bleu d'occuper un espace trop petit pour eux. Comme toujours, la raison finit par l'emporter et tout ce qui ne rentre pas à l'intérieur des kayaks est ficelé au- dessus. Quelques balles sont tirées pour tester le fusil et nous sommes prêts. Demain matin, cap à l'ouest.
5 au 10 août - Premières émotions dans le Fønfjord
Le Fønfjord et la côte nord de Gaseland vus du camp 4 le 7 août 2010.
Nous commençons à savourer les paysages qui défilent devant nos embarcations. Tout ici est très minéral. Outre leur beauté, les roches racontent ici une histoire géologique fort bien préservée du fait de l'ampleur des mouvements verticaux. Un sombre plateau basaltique, reste de l'intense activité volcanique associée à l'ouverture de l'Atlantique Nord il y a environ 60 millions d'années, repose sur des roches beaucoup plus anciennes et très colorées, vestiges de montagnes érodées.
Marc et Béatrice naviguent dans le détroit du Rensund - 6 août 2010.
Le Fønfjord et le Gaseland vus de la côte sud de l'île de Milne 7 août 2010
En suivant la côte sud de l'île de Milne, assez basse et couverte d'une maigre végétation, nous assistons à une scène cocasse entre un renard et un groupe d'oies. Une famille d'oies se promène sur la plage lorsqu'un renard, qui les a aperçues de loin, déboule à toute vitesse dans leur direction. Les intentions du renard sont claires mais les oies ne le voient pas. Au dernier moment, elles se précipitent dans l'eau en demeurant à deux mètres du bord. Le renard stoppe net devant les oies car il ne va pas dans l'eau. Il ne doit pas avoir très faim car les oies sont à deux mètres de lui, mais il ne veut pas se mouiller les pattes. Il repart et va se cacher dans les saules voisins. Les oies, stupides, ne voyant plus le renard reviennent à terre. Nous n'avons pas assisté à la fin de l'histoire mais le renard a du bien déjeuner ce jour-là.
Le second camp est installé facilement dans le chenal du Rensund qui sépare Milne de l'île Danmark. Le casse-croûte du lendemain, installé dans une étroite crique, est un peu agité car un iceberg se brise à proximité. Les vagues du mini-tsunami qui suit balayent les kayaks. Après quelques minutes difficiles, nous parvenons à gagner une large plage beaucoup moins dangereuse que ce fond de crique dont la morphologie amplifie les vagues. Par chance, rien n'a été perdu.
Le danger représenté par les icebergs est bien connu et, tous les soirs, les tentes et les kayaks doivent être installés plusieurs mètres au-dessus de l'eau. Mais ceci n'est guère possible pour une courte pause.
Iceberg devant le camp 19, au fond les îles de Bjorneoer - 30 août 2010.
Arrêt dans le Fønfjord entre les camps 5 et 6 - 10 août 2010.
Il convient alors d'être très vigilant et prêt à sauter dans les kayaks pour s'éloigner de la côte à la moindre alerte. L'incident d'aujourd'hui nous le rappelle. Après un dernier camp facile dans le Rensund, nous pénétrons dans le Fønfjord en longeant la côte. Deux jours de navigation facile, coupés par un camp agréable, nous conduisent à l'entrée d'une large vallée où le cinquième camp est installé dans la soirée du 8 août.
Le lendemain, alors que le ciel est clair, un fort vent se lève sur le Fønfjord. Sagement, nous partons faire une randonnée pédestre en espérant manger quelques myrtilles et voir nos premiers boeufs musqués. Belle balade sans myrtilles, nombreuses traces d'animaux mais aucune bête.
Le jour suivant le vent s'est calmé, l'étape du jour est tranquille le long de la côte sud et se termine à l'extrémité du Fønfjord.
Deux bateaux Inuits nous rendent visite dans la soirée pour prendre de nos nouvelles. Surprise, car nous allons très bien et n'avons rien demandé à personne. Les Inuits nous disent alors que le groupe de kayakistes allemands a chaviré pendant le coup de vent de la veille. Réfugiés sur un glaçon après avoir perdu leur kayak, ils n'ont dû leur salut qu'à un bateau de pêche qui passait par là et les a recueillis. Leurs kayaks et tout leur matériel sont perdus. Cet accident nous conforte dans l'idée de ne pas naviguer si le vent est fort.
Philippe et Jean-Marc naviguent dans le Rødefjord. Au fond, le glacier Rolige - 18 août 2010.
11 et 12 août - Le rouge et le blanc
L'île Rouge à l'entrée du Rødefjord - 11 août 2010.
Le 11 août, nous pagayons allègrement sous la pluie avec un petit vent frais. Après avoir contourné l'extrémité sud-ouest de Milne, nous arrivons en vue de l'île Rouge, qui porte bien son nom.
L'histoire géologique se complète: il y a environ 250 millions d'années, des sédiments se sont déposés ici alors que cette région était proche de l'équateur. Le climat équatorial a permis l'oxydation du fer contenu dans ces dépôts, produisant cette couleur rouge pour le plaisir de nos yeux. L'endroit est splendide, le soleil brille à nouveau et le camp 7 est monté dès la mi-journée en face de l'île Rouge. De nombreux icebergs, plus beaux les uns que les autres, sont échoués dans l'étroit chenal situé entre Milne et l'île Rouge et nous passons une magnifique après-midi de balade et de photos dans une symphonie de rouge et de blanc.Superbe ! !
Le lendemain, traversant le Rødefjord puis le Vestfjord, le camp 8 est établi sur la rive droite du glacier de Rolige.
Icebergs dans le détroit de l'île Rouge - 11 août 2010.
Icebergs dans le détroit de l'île Rouge - 11 août 2010.
Icebergs dans le Détroit de l'Ile Rouge - 22 août 2010.
13 au 17 août – Le Rødefjord et les boeufs musqués
Tout autour du Rødefjord, les plages et zones basses propices à l'installation d'un camp sont sous la garde dissuasive des boeufs musqués. Ces bestioles fascinantes et imprévisibles sont potentiellement plus dangereuses que les ours. Une épaisse toison laineuse leur donne une allure imposante, mais ce sont des chèvres de montagne (sous-famille des caprinés) ce qui explique leur étonnante agilité dans les barres rocheuses. Elles nous procurent quelques émotions fortes.
Boeufs musqués au-dessus du camp 8 dans le Rundefjeld - 13 août 2010.
Philippe et Jean-Marc naviguent sur le Rødefjordentre les camps 8 et 9. Au fond, le glacier Rolige - 14 août 2010.
C'est ainsi que, le 13 août, laissant le camp en place, une journée est consacrée à la visite des environs. Durant celle-ci, Jean-Marc descend dans un vallon encaissé pour photographier une harde. Mauvaise idée, car trois gros mâles qui protégeaient la famille commencent à le charger du plus loin qu'ils l'aperçoivent. Jean-Marc ne doit son salut qu'à ses talents de grimpeur pour quitter le vallon par une paroi verticale inaccessible aux boeufs.
Poursuivant la visite du Rødefjord, les deux camps suivants sont dressés sur sa rive ouest; le premier au débouché de la vallée de Brunedal et le second, 15km au nord. De là, nous partons explorer une série de canyons étroits creusés dans des conglomérats de couleur rouge. De retour au camp, une petite pluie fine commence à tomber et va se poursuivre une journée durant; ce sera le dernier jour de pluie du voyage.
Le camp 8 sur le Rødefjord. Au fond, la côte ouest de Milne 12 août 2010
18 au 21 août - Splendeur du Harefjord
Le fond du Harefjord avec les glaciers sud (à gauche) et nord (à droite) - 20 août 2010.
Le 18 août, le beau temps revenu, nous quittons le Rødefjord pour gagner la rive sud du Harefjord. Celui-ci ferme le Scoresby Sund à l'ouest, là où deux glaciers terminent leur course dans la mer. L'endroit est splendide et, souhaitant explorer le fond du Harefjord, un camp est dressé dans une petite baie abritée de sa rive nord où nous allons demeurer deux jours.
Coucher de soleil sur le Harefjord devant le camp 12. Au fond, l'entrée de l'Øfjord - 19 août 2010.
Durant cette période, nous allons visiter la rive nord du Harefjord, photographier les fronts des deux glaciers et remonter la rive gauche du glacier nord. Nombreux lièvres arctiques dans leur fourrure blanche avec des oies autour des lacs et de nombreux boeufs musqués. Depuis le camp, nous profitons aussi de fabuleux couchers de soleil sur le Harefjord, l'île de Storø et l'entrée de l'Øfjord.
Nous sommes fascinés par tant de beauté et ressentons une grande émotion esthétique. Quittant le camp pour aller chercher de l'eau, Béatrice franchit une petite crête et se trouve face à face avec un boeuf mâle imposant. La frayeur de Béatrice étant largement partagée par l'animal, chacun se retire de son côté. Quittant à regret le paradis du Harefjord, nous suivons sa rive nord pour monter un camp à proximité du Rypefjord.
Le Harefjord et le glacier sud - 20 août 2010.
Le matin, émergeant des sacs de couchage, nous constatons que les tentes sont encerclées par une famille de boeufs musqués. Que faire ? Nous ignorons les intrus et poursuivons nos préparatifs tout en gardant un oeil sur le fusil. Après un face à face courtois et poli, ils se sont retirés. Quelques jours après, l'appareil photo contenant les images de cette amicale réunion a plongé dans l'Øfjord. Il y est toujours.
Philippe pagaye à la sortie du Harefjord - 21 août 2010.
22 au 24 août - Epave et icebergs à l'entrée de l'Øfjord
Le camp 14 sur l'île de Storø et le détroit du Snesund. Au fond, la côte ouest de Milne 22 août 2010
Le 22 août, une fabuleuse journée de beau temps salue notre entrée dans l'Øfjord. Celui-ci, long de 100km, constitue la partie la plus délicate du tour de Milne. Ce parcours est d'une beauté exceptionnelle, mais il est assez engagé et il ne faut pas sous-estimer le danger d'un violent coup de vent entre les murailles qui bordent le fjord et rendent un accostage d'urgence impossible. En fait, le temps a été clément et nous avons pu installer de très beaux camps sans faire d'étape trop longue.
Le versant nord de l'Øfjord - 26 août 2010.
Le détroit du Snesund et la côte ouest de l'île de Mile. En bas, l'île de Storø - 22 août 2010.
Après avoir traversé le fjord, le camp 14 est monté à l'extrémité de l'île de Storø, sur une terrasse avec une vue magnifique sur l'entrée de l'Øfjord, mais pas d'eau. Dans ce cas, il suffit d'aller chercher un ou deux glaçons et de les faire fondre puisqu'il s'agit d'eau douce. Quel bonheur de dîner ici au soleil, même si la montée des kayaks jusqu'au camp fut un peu rude. Après une journée de balade sur l'île de Storø parmi les boeufs musqués, nous poursuivons dans l'Øfjord. Le lendemain, en longeant la côte nord de Milne, nous remarquons un objet de forme allongée et de couleur orange sur l'autre rive du fjord.
L'extrémité nord-est de l'île Storø. On voit les deux tentes du camp 14 et les kayaks au-dessus de la petite crique à droite - 23 août 2010.
Marc et Béatrice naviguent dans l'Øfjord - 29 août 2010.
En approchant, nous découvrons qu'il s'agit du kayak perdu par le groupe allemand lors de leur chavirage il y a deux semaines; il renferme encore tout leur matériel, leurs vivres et leurs papiers. Il s'agit d'un kayak biplace rigide en plastique qui ne nous a pas paru endommagé. Il a simplement dérivé et est venu s'échouer ici. Nous récupérons les documents et relevons la position que nous transmettrons évidemment à Ittoq lors de notre retour. Cette triste découverte montre bien le désastre que peut représenter le chavirage d'un kayak chargé et renforce notre prudence vis à vis du vent. Dans l'après-midi, un bon emplacement de camp apparaît sur la rive sud avec de nombreux lagopèdes dans les parages.
25 au 29 août - Ambiance verticale à la sortie de l'Øfjord
Le glacier Korridoren se jette dans l'Øfjord - 26 août 2010.
Au fur et à mesure de notre avancée dans l'Øfjord le long de la rive sud, les parois sont de plus en plus hautes et de plus en plus raides. Parvenus au glacier Korridoren, nous cherchons quelques mètres carrés à peu près plats pour poser nos tentes. Une terrasse de gravier sur la rive droite fera l'affaire pour le camp 16. Le cadre est superbe mais pour la suite, mieux vaut sans doute tenter notre chance sur la rive nord où une grande baie devrait pouvoir nous abriter pour la nuit. Le jour permanent, qui permet de pagayer ou de camper à n'importe quelle heure, est bien pratique quand on ne sait pas où l'on va dormir.
Ancienne vallée glaciaire sur la rive nord de l'Øfjord au-dessus du camp 17 - 27 août 20010.
Le versant ouest de la Cathédrale vu des environs du camp 16 sur la rive nord de l'Øfjord - 26 août 2010.
Le camp suivant est donc installé sur la rive nord du fjord, dans la baie située peu avant la Cathédrale (Grundtvigskirken), superbe aiguille granitique à deux pointes qui surplombe l'Øfjord de ses 1882m. Peu après, un vent violent se lève, imposant une agréable journée de repos et de randonnée pédestre, terminée par un coucher de soleil éblouissant sur les grandes parois ocres de la rive sud.
Coucher de soleil sur le versant sud de l'Øfjord vu du camp 17 26 août 2010
Coucher de soleil sur le versant sud de l'Øfjord vu du camp 17 26 août 2010
Le 28 août, au pied de la Cathédrale, de grands icebergs créent une ambiance hors du temps. Poursuivant vers l'est entre les murailles qui dominent le fjord de plus de 1000m sur ses deux rives, le clou de la traversée apparaît peu à peu. C'est une célèbre aiguille de 1977m d'altitude située sur la rive nord de l'Øfjord; sa forme élancée et ses 1400m de verticalité d'un seul jet font rêver les meilleurs grimpeurs de la planète. Nous la nommons «La Forteresse» avant de dresser le camp à sa base pour une dernière soirée sur la rive nord de l'Øfjord.
Le lendemain, traversant l'Øfjord pour regagner sa rive sud, un camp d'anthologie est monté sur une butte dominant le fjord d'une trentaine de mètres.
Le versant est de La Cathédrale domine la partie orientale de l'Øfjord - 30 août 2010.
L'extrémité est de l'Øfjord, le massif de la Forteresse et la Grande Aiguille (1977m) 30 août 2010
Face à nous, sur la rive nord, 10km de parois verticales dominent le fjord de la Cathédrale à la Forteresse, formant un somptueux paysage de plus de 1500m de hauteur. Notre séjour sur l'île de Milne va se terminer en apothéose dans la matinée du 30 août par une longue séance de photos du sublime paysage de l'Øfjord.
Le versant nord de l'Øfjord, La Cathédrale (1882m) à G, le massif de La Forteresse et l'Aiguille de la Forteresse (1977m) à D -30 août 2010.
L'Aiguille de La Forteresse (1977m) - 30 août 2010.
L'Øfjord et les sommets sans nom situés à l'ouest de La Forteresse - 30 août 2010.
L'Aiguille de la Forteresse et l'Øfjord - 30 août 2010.
30 août au 1er septembre - Le retour
Quelques ultimes coups de pagaie nous permettent de contourner l'extrémité nord-est de Milne et de gagner l'île aux Ours (Bjørneøer) où est dressé notre vingtième et dernier camp. Après avoir parcouru 360km autour de l'île de Milne, c'est ici qu'est fixé le rendez-vous avec le bateau de nos amis Inuits pour le retour à Ittoq. Après quelques heures consacrées au démontage des kayaks et à l'emballage du matériel, une dernière petite promenade sur l'île aux Ours termine notre voyage. Le bateau est exact au rendez-vous et dans la soirée du 1èr septembre, nous retrouvons le village d'Ittoq.
Le matériel est déposé dans l'entrepôt de la Royal Arctic Line; il sera chez nous dans quelques semaines. Il est agréable de retrouver le confort de la guesthouse, les sourires des enfants et la vie du village qui se prépare déjà au retour du froid et surtout de l'obscurité. Le 3 septembre, nous marchons vers «l'aéroport», le coeur un peu serré, nos mondes se séparent, mais nous reviendrons.
Les îles Bjørneøer - 31 août 2010.
Le dernier camp sur l'île Bjørneøer - 31 août 2010.
Marc Breuil, Jean-Marc Daveau, Béatrice De Voogd et Philippe Gillieron ont tourné autour de l'île de Milne du 28 juillet au 1er septembre 2010.